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prise au piège

chapitre 2

 

Tiens, tu as l'air d'en avoir besoin.

Marie posa sa sacoche sur le bureau, prit le gobelet de café que lui tendit son assistante.

Merci. Quelles sont les nouvelles?

Monsieur Blanchet a téléphoné, répondit Emilie en posant devant elle une pile de courrier. Il aimerait savoir où en est son projet.

Prends le dossier bleu dans ma sacoche, tout y est, y compris les échantillons, tu n'as qu'à lui préparer un devis.

Tu sais que tu m'impressionnes?

Tu me répètes cela au moins trois fois par semaine.

Il faut croire que tu m'impressionnes au moins trois fois par semaine.

Marie fit rouler le gobelet entre ses mains, alluma une cigarette et bu son café à petites gorgées tout en contemplant la pile de courrier.

Ne me dis pas que tout ces gens veulent me faire travailler?

Rassures toi, il y a aussi quelques factures.

Génial...

Plains-toi, c'est la rançon du succés.

La rançon du succés...Marie médita sur cette petite phrase, non, elle n'avait pas à se plaindre, depuis qu'elle avait crée son agence, il y a quatre ans, les commandes ne cessaient d'affluer. Il avait suffit d'une idée toute simple pour que son style s'impose et qu'elle soit reconnue en tant que styliste. Hasard, chance ou les deux à la fois? Un riche industriel de la région avait été séduit par son projet et lui avait donné carte blanche pour aménagé sa propriété. Le bouche à oreille avait fait le reste. Elle avait trimé sans relâche pour en arriver là, et aujourd'hui elle avait atteint son but. Elle leva les yeux vers le décor familier de son bureau et contempla les murs pastels mouchetés de minuscules motifs au pochoir. Sa plus belle création et la toute première, celle qui l'avait fait connaître.

Depuis elle avait conçu d'autres styles, d'autres associations de couleurs, mais aucunes ne lui avaient apportées la même satisfaction que la ligne reflet du jour. Elle s'arracha de ses pensées, se débarrassa de son manteau, et ouvrit son courrier. Le maire l'invitait à l'inauguration de la nouvelle salle des fêtes, un restaurateur de la région souhaitait agrandir son établissement et lui demandait s'il lui serait possible de reproduire le même décor que celui d'un de ses confrères. Un couple de jeunes mariés qui souhaitait qu'elle aménage leur futur appartement, des factures d'électricité, de téléphone... Je suis fatiguée, songea t-elle, il faut que je m'arrête quelques jours, que je dorme.

Tu n'as pas l'air dans ton assiette, remarqua Emilie, tu n'es pas malade au moins?

Non.

Elle se leva et se servit un autre café.

Je ne dors pas bien en ce moment c'est tout.

Tu travailles trop et tu bois trop de café.

C'est possible.

J'ai des comprimés formidables contre les insomnies, tu en prends deux avant de te coucher et tu te réveilles le lendemain en pleine forme. Tu veux que je t'apporte la boîte?

Non, merci.

Tu as tort.

Marie retourna s'asseoir et souffla doucement sur son gobelet. Qu'aurait-elle pu répondre à Emilie? Qu'elle avait peur de s'endormir? Peur de retrouver les cauchemars qui la harcellent nuit après nuit? Peur de se réveiller en hurlant? Poutant elle se croyait à l'abri d'une rechute, tout était revenu dans l'ordre, jusqu'à la visite de cette femme avec ses histoires de fantômes et tout avait recommencé. Son regard brillant de larmes parcourut la pièce et se fixa sur le téléphone. Le combiné trembla dans sa main tandis qu'elle composait un numéro qu'elle avait cru ne plus avoir à utiliser.

Docteur Martin, j'écoute.

Marie Dulac à l'appareil. Je m'excuse de vous déranger chez vous...

Cela me fais plaisir de vous entendre, au contraire. Comment allez vous Marie?

Bien, je... Je regrette de ne pas vous avoir donné signe de vie plut tôt, mais j'ai été très occupée.

Si vous me disiez ce qui ne va pas?

Elle essuya ses larmes.

Je me sens très mal, je ne comprends pas ce qui se passe. Tout recommence comme avant, je fais des cauchemars horribles, je perds les pédales, je pleure pour un rien.

A quand remontent vos angoisses?

Une semaine.

Il s'est produit quelque chose qui a déclenché cette réaction?

Elle hésita, puis lui raconta la visite de Julie, ses questions, sa curiosité déplacée, ses allusions à des manifestations surnaturelles.

Le médecin l'écouta sans l'interrompre. Lorsqu'elle eut terminé, il émit un rire amusé.

Cette dame a beaucoup d'imagination et elle à trouvé en vous un public idéal. Ce n'est pas bien méchant, oubliez la et vos problèmes disparaîtrons.

Alors je ne suis pas folle?

Folle, non. Mais surmenée, certainement. Pourquoi ne prendriez vous pas des vacances? Vous verrez les choses différement à votre retour.

Elle poussa un soupir.

Je ne sais pas, un client m'a invité à passer quelques jours chez lui pour refaire la décoration de sa maison, mais...

Excellent! un changement d'air vous fera le plus grand bien.

Je ne suis pas sûre d'avoir envie d'y aller, j'ai plusieurs projets en cours, des tas de rendez vous.

N'inventez pas des prétextes. Foncez, et passez me voir à votre retour, promis?

Promis.

Bien, j'attends votre appel, au revoir, Marie.

Au revoir et merci.

Je vous en prie, bonnes vacances.

Elle raccrocha, le docteur Martin avait raison, il fallait qu'elle s'éloigne quelques temps, qu'elle prenne du recul. Dès demain, elle appellera Stéphane Roy pour lui donner son accord et fixer une dâte.

 

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03/03/2015
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